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12 sept. 2025

En levant 1,7 milliard d’euros, Mistral AI bat tous les records

En levant 1,7 milliard d’euros, Mistral AI bat tous les records
La start-up française spécialisée dans l’IA générative fait entrer ASML dans son capital. Elle ambitionne désormais de lancer une plateforme de cloud et de bâtir un gigantesque campus.

Ces derniers mois, Mistral AI a multiplié les annonces de projets ambitieux. La start-up française, spécialisée dans l’intelligence artificielle générative, se donne les moyens de les concrétiser. Début septembre, elle a officialisé une nouvelle levée de fonds, d’un montant de 1,7 milliard d’euros. La majorité de cette somme est apportée par ASML, le géant néerlandais des machines de lithographie, indispensables pour graver des puces.

Une telle opération constitue un record pour une start-up française, tout comme la valorisation retenue de 11,7 milliards d’euros. Elle permet aussi à Mistral de tripler le montant des capitaux recueillis auprès d’investisseurs. Malgré tout, la société reste très loin de la puissance financière des géants américains, comme OpenAI et Anthropic, avec lesquels elle entend toujours rivaliser.

Dans cette grande compétition internationale, Mistral ne peut pas se permettre de ralentir. Il faut continuer de développer de nouveaux modèles capables de générer du texte, du code informatique ou des images. Il faut aussi accélérer le déploiement de ses outils, notamment son chatbot grand public Le Chat, concurrent de ChatGPT ou de Gemini. Ces impératifs représentent des coûts élevés pour obtenir la puissance de calcul nécessaire à l'entraînement puis à l'inférence de l’IA.

Campus d’IA

Dans cette optique, Mistral mise beaucoup sur la création d’un campus d’IA, dans la région parisienne. Annoncé comme le plus grand d’Europe, celui-ci regroupera un gigantesque data center, des infrastructures de calcul haute performance et des centres de recherche. La première pierre doit être posée au deuxième semestre 2026. La mise en service opérationnelle est espérée en 2028.

Ce projet sera mis en œuvre par une coentreprise associant, autour de Mistral, Nvidia, la banque publique Bpifrance et le fonds émirati MGX. Ce dernier devrait prendre en charge l’essentiel des investissements, estimés dans un premier temps à environ 8,5 milliards d’euros. À terme, le coût global pourrait se chiffrer entre 30 et 50 milliards.

Parallèlement, Mistral ambitionne de déployer sa propre plateforme de cloud. Baptisée Compute, celle-ci sera couplée à une couche logicielle qui doit permettre aux entreprises de développer et de déployer rapidement des services d’IA. La start-up prévoit ainsi de construire un data center comprenant 18 000 superpuces GB200, les cartes graphiques les plus puissantes de Nvidia. Une telle capacité de calcul sera inégalée pour un acteur européen.

Chiffre d’affaires multiplié par dix

Mistral espère séduire les administrations et les entreprises européennes qui cherchent une alternative aux géants américains du secteur. L’entreprise veut jouer la carte de la souveraineté technologique, profitant en particulier des craintes suscitées par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Orange, BNP Paribas et le laboratoire Kyutai feront partie des premiers clients de cette offre de cloud, dont le lancement est attendu l'année prochaine.

En se lançant dans le cloud, Mistral vise non seulement un relais de croissance de son chiffre d’affaires, mais aussi une activité aux marges élevées. La start-up revendique désormais 300 millions d'euros de chiffre d’affaires en rythme annualisé. C’est environ dix fois plus qu'à la fin 2024… reste toutefois très loin des performances d’OpenAI, qui a dépassé la barre des douze milliards de dollars.

En réalité, Mistral ne peut vraiment rivaliser avec le concepteur de ChatGPT. Son objectif n’est pas de proposer des modèles aussi puissants que les grands groupes américains, mais d’offrir des modèles suffisamment compétitifs pour représenter une alternative crédible. Ces derniers mois, elle a ainsi multiplié les accords commerciaux avec de grands groupes français, pour des raisons de souveraineté, mais aussi d’image.

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