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31 oct. 2025

Comment l’Europe veut changer d’échelle dans le quantique

Comment l’Europe veut changer d’échelle dans le quantique
Malgré un écosystème de recherche de premier plan et des start-up prometteuses, l’Europe peine à transformer ses avancées quantiques en succès industriels. Face aux États-Unis et à la Chine, Bruxelles veut désormais unifier ses forces autour d’une stratégie commune et d’investissements coordonnés.

Décerné aux chercheurs français Michel Devoret et britannique John Clarke (associés à l'américain John M. Martinis), le prix Nobel de physique 2025 souligne la force scientifique européenne dans l'informatique quantique. Mais il symbolise aussi les faiblesses européennes: les deux lauréats travaillent désormais dans de grandes universités américaines, dont les moyens alloués à la recherche fondamentale sont sans commune mesure avec ceux des institutions du Vieux Continent.

Ce constat ne se limite pas au champ académique. Il est aussi valable du côté des entreprises. Certes, plusieurs start-up européennes sont à la pointe de l’informatique quantique. Citons Pascal, Alice & Bob et Quandela en France, Planqc en Allemagne, IQM et Algorithmiq en Finlande, QuantWare aux Pays-Bas ou encore Multiverse Computing en Espagne. Mais elles doivent aussi affronter des géants américains à la puissance financière bien supérieure, comme Google, Microsoft, Amazon ou encore IBM.

La course au quantique est encore grande ouverte

L’informatique quantique doit permettre de démultiplier la puissance de calcul. Elle ne repose pas sur des bits classiques, qui fonctionnent de manière binaire, mais sur des qubits qui peuvent prendre à la fois les valeurs 0 et 1. En théorie, elle doit permettre de réaliser massivement des calculs parallèles. Et donc de réduire considérablement le temps nécessaire à leur réalisation.

Dans la pratique, cependant, l’informatique quantique fait face à l’instabilité des qubits. Cela se traduit par un nombre d’erreurs beaucoup plus élevé que pour l’informatique traditionnelle. Ce phénomène est d’autant plus problématique que le taux d’erreur s’accroît en même temps que le nombre de qubits. Malgré les annonces récentes de Google et de Microsoft, personne n’a encore réussi à le résoudre.

La course à l’informatique quantique est donc encore grande ouverte. Elle se joue entre les Etats-Unis, la Chine et l’Europe. Face à ses deux rivaux, l’Union européenne a déjà injecté deux milliards d’euros d’argent public. Une enveloppe à laquelle s'ajoutent environ neuf milliards d’euros apportés à l'échelle nationale. Ces investissements semblent avoir porté leurs fruits. L’UE publie plus de papiers de recherche que les Etats-Unis et la Chine. Et elle représente environ un tiers des entreprises actives dans l’informatique quantique, davantage que ses principaux concurrents.

Stratégie Quantum Europe

Les Vingt-Sept peinent toutefois à passer à l'étape suivante. Ils ne représentent ainsi que 6% des brevets déposés dans le domaine, très loin derrière la Chine et les Etats-Unis. Cela s’explique notamment par le manque de financements privés. Non seulement les start-up européennes attirent moins les investisseurs que leurs homologues américaines. Mais les géants technologiques américains investissent aussi bien davantage.

L’EU n’attire ainsi que 5% des financements privés mondiaux dans le quantique, contre plus de 50% pour les États-Unis. “Cela rend la transition de la recherche vers l’industrie extrêmement difficile pour nos start-up et nos entreprises”, soulignait cet été Henna Virkkunen, la commissaire européenne chargée de la souveraineté technologique, lors de la présentation de la stratégie Quantum Europe.

Cette feuille de route ambitieuse vise à faire de l’Europe “un acteur de premier plan” dans le domaine des technologies quantiques d’ici à 2030. Pour y parvenir, Bruxelles veut réduire “la fragmentation des stratégies et des feuilles de route entre les États membres”, intégrer le quantique dans les stratégies en matière d’espace, de sécurité et de défense, accélérer la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, ou encore développer des hubs d'infrastructures pour mutualiser les investissements nécessaires au développement de l'informatique quantique.

 

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