Actualités Tech Show Paris

20 nov. 2025

Cloud, IA, cybersécurité: l’Europe renforce sa stratégie de souveraineté numérique

Cloud, IA, cybersécurité: l’Europe renforce sa stratégie de souveraineté numérique
Nouvelles infrastructures cloud, investissements massifs dans l’intelligence artificielle, plans pour les semi-conducteurs et la cybersécurité... Encore largement dépendante des technologies américaines, l’Europe veut renforcer son indépendance technologique.

Pour beaucoup, le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a représenté une véritable prise de conscience sur la nécessité de garantir la souveraineté technologique européenne. Le continent reste en effet encore dépendant des géants technologiques américains, dans les domaines du cloud ou des logiciels. Il cherche désormais à éviter le même sort dans l’intelligence artificielle générative.

La souveraineté technologique européenne passe d’abord par l'émergence de plateformes de cloud européennes, capables de représenter une alternative crédible aux hyperscalers américains, qui accaparent la plus grosse partie du marché. Annoncée en 2020, l’initiative Gaia-X - qui vise à déployer une infrastructure interopérable et sécurisée répondant aux standards européens - tarde encore à se matérialiser. Mais les acteurs européens du cloud promettent désormais de passer la vitesse supérieure, s’engageant à labelliser jusqu’à 3.000 services conformes aux spécifications Gaia‑X d’ici la fin de l'année.

La souveraineté prise en compte dans les appels d'offres

Pour favoriser les fournisseurs européens, la Commission vient de lancer le “Cloud Sovereignty Framework”, qui prévoit de classer les offres de cloud en fonction de leur degré de souveraineté, selon huit critères comme la gouvernance, la chaîne d'approvisionnement ou la sécurité. Bruxelles encourage les institutions publiques du continent à utiliser cette grille dans leurs appels d'offres. La Commission va d’ailleurs donner l’exemple dans le cadre d’un contrat cloud de 180 millions d’euros sur six ans.

Pour accompagner la montée en puissance espérée des clouds locaux, l’Europe mise aussi sur une disposition de son Data Act. Celle-ci vise à supprimer les principales barrières érigées par les géants américains du cloud pour migrer vers un autre prestataire. Cela concerne en particulier les frais de transfert de données, qui se traduisent par des factures élevées et qui peuvent donc décourager les entreprises à changer d’offre.

Des "méga usines" d'IA

Dans l’IA, la Commission européenne est aussi très active pour permettre l'émergence de champions européens. Plusieurs plans d’action ont été annoncés ces dernières années. Bruxelles s’est notamment engagée à investir 20 milliards d’euros (dont la moitié en provenance des budgets nationaux) pour cofinancer avec le secteur privé la construction de plusieurs “méga usines” d’IA, des centres de données géants et des supercalculateurs qui n’auraient rien à envier aux infrastructures construites aux Etats-Unis.

En parallèle, l’Europe souhaite aussi renforcer sa cybersécurité, considérée comme l’autre pilier de sa souveraineté numérique. Adopté fin 2024, le Cyber Solidarity Act prévoit ainsi la création d’un “bouclier cyber européen”: un réseau de centres opérationnels capables de détecter les menaces en temps réel et de coordonner les réponses face aux attaques majeures. Les États membres disposeront également d’une réserve d’experts mobilisables en cas d’incident critique.

Enfin, la souveraineté technologique ne se limite pas aux infrastructures. Elle passe aussi par une autonomie stratégique dans les composants, les logiciels et les talents. L'Europe compte notamment sur le Chips Act, qui vise à doubler la production européenne de semi-conducteurs d’ici 2030, mais aussi sur des programmes de formation financés par Digital Europe pour combler le déficit de compétences numériques.

Lire plus d'articles
Loading